
Introduction : une absurdité bien réelle
« Nous les routiers, on est quand même le seul corps de métier
où l’on est amendable parce qu’on travaille trop… 😏 »
Ce commentaire, à la fois ironique et révélateur,
résume une réalité méconnue mais criante : dans le transport routier,
dépasser ses heures de conduite ou de travail n’est pas seulement déconseillé…
c’est sanctionné.
Et pas symboliquement :
amendes, retraits de points, voire poursuites pénales.
⏱️ Une réglementation stricte… mais à quel prix ?
Les temps de conduite et de repos sont encadrés par le règlement européen CE 561/2006.
Objectif : prévenir la fatigue, garantir la sécurité routière,
protéger la santé des conducteurs.
Mais dans la pratique :
- 9 heures de conduite par jour maximum,
extensibles à 10 heures deux fois par semaine. - 45 heures de repos hebdomadaire obligatoires,
avec des règles complexes sur les réductions et compensations. - Des contrôles fréquents,
via tachygraphes numériques et inspections inopinées.
👉 Résultat :un conducteur qui dépasse de quelques minutes son temps de conduite
peut être verbalisé… même s’il le fait pour livrer à l’heure,
éviter un bouchon ou rentrer chez lui.
⚖️ Une sanction du zèle ?
Dans d’autres métiers, travailler plus est valorisé :
heures sup, primes, reconnaissance.
Chez les routiers ? Travailler trop = infraction.
Et ce paradoxe soulève plusieurs questions :
- Pourquoi sanctionner un professionnel qui veut bien faire son travail ?
- Pourquoi l’excès de zèle est-il puni, alors que les retards sont eux aussi mal vus ?
- Pourquoi les contraintes du terrain (embouteillages, clients en retard, imprévus)
ne sont-elles pas mieux prises en compte ?
🚧 Une pression double : productivité vs légalité
Le routier est pris en étau entre :
- Les exigences des clients et des affréteurs :
livrer vite, être flexible, absorber les imprévus. - Les contraintes légales :
respecter à la minute près des temps de conduite, sous peine de sanctions.
Ce décalage crée une tension permanente, une forme d’injustice structurelle.
Et alimente un sentiment d’abandon chez les professionnels du secteur.
💬 Témoignages et vécu terrain
De nombreux conducteurs partagent ce ressenti :
« On nous demande d’être performants,
mais on nous sanctionne dès qu’on dépasse. C’est schizophrène. »
« Je préfère parfois risquer une amende que dormir sur une aire insalubre.
Mais c’est moi qui paie. »
Ces voix méritent d’être entendues.
Elles révèlent une réalité que les chiffres ne montrent pas :
celle d’un métier sous pression, où le bon sens est parfois écrasé
par la réglementation.
🔍 Faudrait-il une réforme plus humaine ?
Pour :
- Mieux prendre en compte les imprévus dans les contrôles.
- Adapter les règles aux réalités du terrain,
notamment pour les longues distances. - Valoriser les conducteurs exemplaires,
au lieu de les sanctionner pour quelques minutes de dépassement.
Mais cela suppose une volonté politique, une écoute des professionnels,
et une réforme en profondeur.
Conclusion : un paradoxe révélateur
Être sanctionné pour trop travailler : voilà le paradoxe des routiers.
Un paradoxe qui illustre le décalage entre les textes et le terrain,
entre la sécurité et la productivité, entre la loi et le bon sens.
Et qui mérite, plus que jamais, d’être dénoncé, expliqué… et corrigé.
ven, Oct 10, 2025
vie de routier